Je travaille à Miami pour le gouvernement local depuis 6 ans déjà . Je partage donc mon parcours, les avantages et les inconvénients du travail aux US, et ce qu’il faut savoir avant de se lancer dans l’aventure.
Mon parcours
J’ai commencé mon parcours à Miami en 2010, avec un stage de 3 mois dans une agence de marketing. J’ai de la famille à Miami donc ça facilitait les choses et au moins je n’étais pas complétement perdue! Trois ans plus tard, je suis revenue pour mon stage de fin d’études de 6 mois mais cette fois-ci au port de Miami. Ils m’ont proposé un poste par la suite. Le temps de rentrer pour être diplomée, obtenir mes visas et mon permis de travail, je commençais mon premier job à Miami un peu plus d’un an plus tard. J’expliquerai très bientôt mon expérience sur les visas et la green card dans un autre article.
“Long story short” comme ils disent ici (traduction: pour faire court), je travaille maintenant pour le gouvernement de Miami et plus particulièrement le port de Miami depuis novembre 2014. Je m’occupe des analyses commerciales et financières pour la négotiation de contrats avec les compagnies de croisières pour qu’elles garantissent un certain nombre d’escales et de passagers par an, en échange d’un accés prioritaire à un terminal, ou pour la construction de nouveaux terminaux. Miami est la capitale mondiale des croisières. En 2019, nous avons acceuilli 6,8 millions de croisiéristes.
En 2020, avec le Covid, alors que le port s’attendait à une nouvelle année record, les croisières ont été complétement interdites par le CDC (Center for Disease Control, l’équivalent de la Santé Publique en France) et depuis le mois de mars, nous n’avons pas eu d’activité. Beaucoup de personnes dans l’industrie des croisières ont perdu leur emploi cette année, temporairement ou définitivement, donc je m’estime très heureuse d’avoir pu garder mon job. Je travaille à la maison et nous renégocions avec les compagnies car elles sont en difficulté, et nous préparons les terminaux pour un retour progressif des croisières à Miami.
Les avantages et les inconvénients
Bref, je voulais vous faire profiter de mon expérience à Miami pour vous faire connaitre les bienfaits et les inconvénients du travail aux US. Ceux-ci sont basés sur un job pour une organisation américaine. Si vous êtes mutés de la France aux US, ou que vous commencez une startup, vous aurez surement d’autres conditions de travail. J’interrogerai bientôt des personnes dans ces situations pour donner d’autres exemples.
Commencons par les inconvénients pour pouvoir finir sur du positif. Aucun de ses commentaires n’a pour intention de vous décourager. C’est une expérience très enrichissante, mais rien n’est parfait, surtout quand on compare aux avantages sociaux de la France.
- Les stages aux US sont rarement rémunérés. Il n’y a pas de lois comme en France où les entreprises ont pour obligation de rémunérer leurs stagiaires après un certain nombre de semaines. De plus, les stages aux US ne font pas parti du cursus scolaire comme en France donc il est rare qu’ils durent 6 mois. Il faut réussir à convaincre l’entreprise pour y rester autant de temps! Les stages qui sont publiés par les entreprises sont souvent de 2 mois et pendant les vacances d’été américaines (de mi-juin à mi-août).
- La norme aux US est de n’avoir que 2 semaines de congés payés par an. Ça fait mal par rapport à nos vacances françaises… Dans mon cas, je dois faire des semaines de 40 heures, donc j’accumule 80 heures de vacances par an. Personnellement, je trouve ça vraiment trop peu. Si je veux rentrer en France 10 à 15 jours, il ne me reste plus ou peu de vacances. Si je dois prendre une journée ou une demie-journée pour des raisons personnelles, je dois utiliser ces congés payés et donc amputer sur les vacances. Donc ça part trés vite. Par contre si je ne les utilise pas, je peux les accumuler, et j’ai aussi des congés maladies (80 heures par an également). Les congés maladies ne peuvent pas étre utilisés pour d’autres raisons que rester chez soi quand on est malade ou aller chez le médecin. Si un membre de ma famille est malade, je n’ai pas le droit d’utiliser mes congés maladies pour m’occuper de cette personne ou la visiter à l’hôpital par exemple. Je dois utiliser mes congés payés (donc merci le stress et vacances annulées!)
- A cause de ce trop peu de congés payés, les américains partent souvent en weekend. Dès qu’il y a un jour férié, ils en profitent pour poser une à trois journées autour pour partir en weekend. Du coup, il n’est pas très bien vu de prendre de longues vacances. “Longues”, en américain, ça veut dire plus d’une semaine. Nous français avons besoin de nos 2 semaines de vacances d’été! Quand je rentre en France, une semaine est trop court pour en profiter. À peine habitué au décalage horaire qu’il faut déjà repartir! Beaucoup d’américains vous diront qu’ils ne sont jamais partis 2 semaines en vacances, ou seulement une ou deux fois dans leur vie, ou pour un voyage de noces…
- Les jours fériés ne sont pas toujours rémunérés, tout dépend de votre contrat de travail. Quand j’ai commencé au port, j’étais payé à l’heure, donc je n’étais pas rémunérée pour les jours fériés mais je n’avais pas le droit de me rendre au travail non plus. Donc je devais rester à la maison et mon salaire en prenait un coup. Quand j’ai reçu ma première promotion, ils ont ajouté les jours fériés rémunérés en récompense.
- Alors qu’en France, les employeurs se plaignent qu’il est quasiment impossible de virer un employé, aux US, on peut se faire virer en une journée. Les scènes de films et séries américaines où l’on voit un employé se faire virer le matin et repartir avec ses cartons à la fin de la journée ne sont pas exagérées. D’ailleurs, les cartons font parti de l’inventaire de l’entreprise et vous seront fournis le jour de votre départ! C’est un très gros inconvénient parce qu’à part perdre son job et son salaire, on peut aussi perdre son assurance médicale, son compte retraite, et son visa s’il est sponsorisé par l’entreprise. Aux US, il est conseillé d’avoir des économies équivalentes à 3 mois de salaires à cause de ce risque de perte d’emploi du jour au lendemain.
- Le dernier inconvénient (qui n’en ai pas vraiment un mais plutôt une anecdote) est que les américains aiment bien se moquer du mode de travail des français. J’entends constamment qu’on est fainéant parce qu’on fait des semaines de 35 heures et qu’on prend beaucoup de vacances. D’après eux, les entreprises s’arrètent complétement pendant l’été en France parce que tout le monde est en vacances…
Passons maintenant aux points positifs. Avoir de l’expérience aux États-Unis est bien sur un super atout sur le CV mais le travail aux US offrent d’autres avantages.
- Si vous cherchez à améliorer votre anglais, il n’y a pas de façon plus efficace de devenir bilingue. C’est peut être évident, mais travailler en anglais offre un challenge qui ne s’égale pas. Non seulement il faut communiquer toute la journée avec ses collègues, il faut également apprendre un vocabulaire spécifique à son industrie (je vous guarantis que vous ne l’aurez pas appris avec Bryan in the kitchen), parler au téléphone (ce qui est plus compliqué que prévu), et écrire des emails, des lettres, des contrats, etc. de façon professionnelle, sans fautes grammaticales ou d’orthographe. On est donc obligé d’apprendre vite et bien, et il n’y a pas meilleure école pour.
- Les salaires sont plus élevés qu’en France. Dans les grandes villes en tout cas, comme Miami. Ça parait logique quand on voit le coût de la vie dans les grandes villes américaines, mais malgré tout je n’aurais jamais espéré atteindre ce salaire, même à Paris, après seulement six ans de travail (dont une année de pandémie…).
- Toujours au sujet des salaires, nous sommes payés toutes les 2 semaines. Ce concept vient d’une économie trop dépensière, où les américains sont incapables de gérer leur argent s’ils reçoivent un gros chèque une fois par mois. Au 15 du mois, ils n’ont plus de sous. Du coup, ils sont payés toutes les 2 semaines, le vendredi (surnommé “Pay Day”). Mais au final, je trouve ça plutôt bien fait et avantageux, et nous sommes donc payés 26 fois par an, ce qui équivaut à un treizième mois en France.
- Personnellement, comme je travaille pour le gouvernement, les promotions sont souvent ralenties par la bureaucratie, mais en général, les promotions sont fréquentes et vont vites.
- Dans les inconvénients, je parlais du fait qu’on peut être viré du jour au lendemain. Dans le sens inverse, on peut aussi partir du jour au lendemain. Si une offre d’emploi ou autre opportunité se présente, pas besoin d’un préavis de trois mois avant de commencer cette nouvelle expérience. Malgré tout, par politesse, on donne un préavis de deux semaines.
- Pour terminer en beauté, un des plus gros avantages, surtout à Miami, sont les impôts. Ils sont beaucoup moins élevés qu’en France et prélevés à la source donc déduits du salaire. C’est maintenant le cas en France aussi, je sais… Pourquoi je disais “surtout à Miami”? Parce qu’il y a deux impôts aux US: un impôt sur le revenu imposé par le gouvernement fédéral, et un imposé par l’état dans lequel on vit et travaille. Mais la Floride n’impose pas d’impôt sur le revenu, et ça fait une grosse différence! New York, au contraire, a un impôt sur le revenu plutôt élevé. Chaque année, on doit déclarer ses impôts, et souvent on se fait rembourser pour avoir eu trop d’impôts déduits sur son salaire. Ça s’appelle le “tax refund” (remboursement d’impôt) et il paie beaucoup de vacances tous les ans! Une façon de mettre de l’argent de côté est de demander à avoir plus d’impôts déduits de son salaire pour recevoir un plus gros tax refund. Je ne comprenais pas ce concept au début, mais pour les gens qui n’arrivent pas à gérer leurs dépenses, c’est une bonne alternative pour faire des économies.
A savoir
Si vous envisagez de travailler aux US, voici quelques petites choses à vérifier avant d’accepter le poste:
- Coût de la vie: si vous emménagez aux US, c’est surement dans une grande ville. Mais les villes américaines coûtent très chères. Calculez votre salaire net et essayez d’estimer vos dépenses (loyer, transport dont assurance auto si vous achetez ou louez une voiture, forfait mobile qui sont bien plus élevés qu’en France, factures électricité, eau, internet, télé, nourriture, etc.). Ça parait évident mais ne vous basez surtout pas sur vos dépenses françaises – ça n’a rien à voir.
- En parlant de transport, certaines villes ont très peu de transport en commun. C’est le cas à Miami, qui est très mal desservi. C’est à prendre en compte car ça peut limiter les quartiers pour un logement, ou nécessiter une voiture, et tout ça a un impact sur le coût de la vie.
- Le coût et temps pour obtenir un visa. Ça peut vite être couteux et prendre du temps, surtout en ce moment avec la pandémie donc bien se renseigner sur le sujet.
- Les assurances santé: les États-Unis n’offrent pas de couverture sociale à ses citoyens donc souvent les entreprises offrent des assurances à leurs employés. Ce n’est pas le cas partout. Seules les grandes ou moyennes entreprises ont les moyens d’offrir ce bénéfice. Parfois, l’entreprise paie pour l’assurance, mais souvent il faut payer une partie qui est déduite du salaire. Ça peut être quelques centaines de dollars donc c’est considérable. Et n’oubliez pas qu’on ai payé toutes les deux semaines donc quand c’est déduit sur le salaire, le montant indiqué est par chèque, donc toutes les 2 semaines (si on vous déduit 300$ par “pay check”, c’est 300$ toutes les 2 semaines, pas par mois!). Les assurances dentaires ou pour les soins de la vue sont à part donc c’est une autre dépense, et si vous avez besoin d’assurer votre époux(se) et/ou vos enfants, ça peut être très cher.
- La retraite: aux US, on ne cotise pas pour la retraite comme en France. Il faut créer son propre compte retraite. Souvent on fait des placements en bourse sur un compte qui prélève un montant de son choix sur son salaire (encore une fois, par “Pay Check”, c’est à dire toutes les deux semaines). Certaines entreprises offrent des comptes de retraites où l’entreprise participe à votre cotisation en égalant votre contribution. C’est plafonné, mais par exemple, si vous verser 500$ par salaire sur votre compte retraite, l’entreprise fera également un versement de 500$ sur votre compte pour vous permettre d’atteindre votre objectif. Ce n’est pas toujours égal, ça peut être un peu plus ou un peu moins que votre contribution, selon votre contrat.
Les assurances médicales et les comptes de retraites sont de gros avantages. Si votre emploi n’offre pas ces bénéfices, je vous conseille d’y réfléchir à deux fois. Les assurances coûtent très chères, et si vous n’en avez pas, vous pouvez prier pour ne pas vous retrouver à l’hôpital car la visite serait suivie d’une facture bien salée. Pour la retraite, vous pouvez aussi vous renseigner si vous pouvez compter les trimestres pour votre retraite française.
Suivez moi sur Instagram et Facebook @tresamerican pour en apprendre plus sur mon expérience aux États-Unis et n’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ou besoin de renseignements.